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CHAPITRE V.


TROISIÈME ÉPOQUE. — LA CONCURRENCE.


Entre l’hydre aux cent gueules de la division du travail et le dragon indompté des machines, que deviendra l’humanité ? Un prophète l’a dit il y a plus de deux mille ans : Satan regarde sa victime, et la guerre est allumée, Aspexit gentes, et dissolvit. Pour nous préserver de deux fléaux, la famine et la peste, la Providence nous envoie la discorde.

La concurrence représente cette ère de la philosophie où une demi-intelligence des antinomies de la raison ayant engendré l’art du sophiste, les caractères du faux et du vrai se confondirent, et où l’on n’eut plus, au lieu de doctrines, que les joutes décevantes de l’esprit. Ainsi le mouvement industriel reproduit fidèlement le mouvement métaphysique ; l’histoire de l’économie sociale est tout entière dans les écrits des philosophes. Étudions cette phase intéressante, dont le caractère le plus frappant est d’ôter le jugement à ceux qui croient comme à ceux qui protestent.


§ I. — Nécessité de la concurrence.


M. Louis Reybaud, romancier de profession, économiste par occasion, breveté par l’Académie des sciences morales et politiques pour ses caricatures anti-réformistes, et devenu, avec le temps, l’un des écrivains les plus antipathiques aux idées sociales ; M. Louis Reybaud n’en est pas moins, quoi qu’il fasse, profondément imbu de ces mêmes idées : l’opposition qu’il fait éclater n’est ni dans son cœur, ni dans son esprit ; elle est dans les faits.