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1801 — 4, 078, 891 liv.st. pour une population de   8,872,980
1818 — 7,870,801 — — 11,978,873
1833 — 8,000,000 — — 14,000,000

Le progrès de la misère a donc été plus rapide que celui de la population ; que deviennent, en présence de ce fait, les hypothèses de Malthus ? — Et cependant il est indubitable qu’à la même époque la moyenne du bien-être s’est accrue : que signifient donc les statistiques ?

Le rapport de mortalité pour le premier arrondissement de Paris est de un sur cinquante-deux habitants, et pour le douzième de un sur vingt-six. Or, ce dernier compte un indigent pour sept habitants, tandis que l’autre n’en compte que un pour vingt-huit. Cela n’empêche pas que la vie moyenne, même à Paris, ne se soit accrue, comme l’a très-bien observé M. Fix.

A Mulhouse, les probabilités de la vie moyenne sont de vingt-neuf ans pour les enfants de la classe aisée et deux ans pour ceux des ouvriers ; — en 1812, la vie moyenne était dans la même localité de vingt-cinq ans neuf mois douze jours ; tandis qu’en 1827 elle n’était plus que de vingt-un ans neuf mois. Et cependant pour toute la France la vie moyenne est en hausse. Qu’est-ce que cela veut dire ?

M. Blanqui, ne pouvant s’expliquer à la fois tant de prospérité et tant de misère, s’écrie quelque part : « L’accroissement de production n’est pas augmentation de richesse La misère se répand davantage au contraire, à mesure que l’industrie se concentre. Il faut qu’il y ait quelque vice radical dans un système qui ne garantit aucune sécurité ni au capital, ni au travail, et qui semble multiplier les embarras des producteurs, en même temps qu’il les force à multiplier leurs produits. »

Il n’y a point ici de vice radical. Ce qui étonne M. Blanqui est tout simplement ce dont l’Académie dont il fait partie a demandé la détermination, ce sont les oscillations du pendule économique, la valeur, frappant alternativement et d’une mesure uniforme le bien et le mal, jusqu’à ce que l’heure de l’équation universelle ait sonné. Si l’on veut me permettre une autre comparaison, l’humanité dans sa marche est comme une colonne de soldats, qui, partis du même pas et