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geté, inégalité, antagonisme, guerre, pillage, massacre, de l’autre société, égalité, fraternité, paix et amour : choisissons.

M. Joseph Dutens, physicien, ingénieur, géomètre, mais très peu légiste et point du tout philosophe, est auteur d’une Philosophie de l’économie politique, dans laquelle il a cru devoir rompre des lances en l’honneur de la propriété. Sa métaphysique paraît empruntée de Destutt de Tracy. Il commence par cette définition de la propriété, digne de Sganarelle : « La propriété est le droit par lequel une chose appartient en propre à quelqu’un. » Traduction littérale : La propriété, c’est le droit de propriété.

Après quelques entortillages sur la volonté, la liberté, la personnalité ; après avoir distingué des propriétés immatérielles naturelles et des propriétés matérielles naturelles, ce qui revient aux propriétés innées et acquises de Destutt de Tracy, M. Joseph Dutens conclut par ces deux propositions générales : 1o La propriété est dans tout homme un droit naturel et inaliénable ; 2o l’inégalité des propriétés est un résultat nécessaire de la nature ; lesquelles propositions se convertissent en cette autre plus simple : Tous les hommes ont un droit égal de propriété inégale.

Il reproche à M. de Sismondi d’avoir écrit que la propriété territoriale n’a point d’autre fondement que la loi et les conventions ; et il dit lui-même, parlant du respect du peuple pour la propriété, que « son bon sens lui révèle la nature du contrat primitif passé entre la société et les propriétaires. »

Il confond la propriété avec la possession, la communauté avec l’égalité, le juste avec le naturel, le naturel avec le possible : tantôt il prend ces différentes idées pour équivalentes, tantôt il semble les distinguer, à telle enseigne que ce serait un travail infiniment moindre de le réfuter que de le comprendre. Attiré d’abord par le titre du livre, Philosophie de l’économie politique, je n’ai trouvé, parmi les ténèbres de l’auteur, que des idées vulgaires ; c’est pourquoi je n’en parlerai pas.

M. Cousin, en sa Philosophie morale, page 15, nous en-