Page:Proudhon - Qu’est-ce que la propriété.djvu/266

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La communauté repousse l’indépendance et la proportionnalité ; la propriété ne satisfait pas à l’égalité et à la loi.

Or, si nous concevons une société fondée sur ces quatre principes, égalité, loi, indépendance, proportionnalité, nous trouvons :

1o Que l’égalité consistant seulement dans l’égalité des conditions, c’est-à-dire des moyens, non dans l’égalité de bien-être, laquelle avec des moyens égaux doit être l’ouvrage du travailleur, ne viole en aucune façon la justice et l’équité ;

2o Que la loi, résultant de la science des faits, par conséquent s’appuyant sur la nécessité même, ne choque jamais l’indépendance ;

3o Que l’indépendance respective des individus, ou l’autonomie de la raison privée, dérivant de la différence des talents et des capacités, peut exister sans danger dans les limites de la loi ;

4o Que la proportionnalité, n’étant admise que dans la sphère de l’intelligence et du sentiment, non dans celle des choses physiques, peut être observée sans violer la justice ou l’égalité sociale.

Cette troisième forme de société, synthèse de la communauté et de la propriété, nous la nommerons liberté[1].

Pour déterminer la liberté, nous ne réunissons donc pas sans discernement la communauté et la propriété, ce qui serait un éclectisme absurde. Nous recherchons par une méthode analytique ce que chacune d’elles contient de vrai, de conforme au vœu de la nature et aux lois de la sociabilité, nous éliminons ce qu’elles renferment d’éléments étrangers ; et le résultat donne une expression adéquate à la forme naturelle de la société humaine, en un mot la liberté.

La liberté est égalité, parce que la liberté n’existe que dans l’état social, et que hors de l’égalité il n’y a pas de société.

  1. Libertas, liberare, libratio, libra, liberté, délivrer, libration, balance (livre), toutes expressions dont l’étymologie paraît commune. La liberté est la balance des droits et des devoirs : rendre un homme libre, c’est le balancer avec les autres, c’est-à-dire, le mettre à leur niveau.