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D’après ce principe, cherchons quel doit être le maximum de l’aubaine pour toute propriété.

Qu’est-ce, dans l’origine, que le bail à ferme ? C’est un contrat par lequel le propriétaire cède à un fermier la possession de sa terre, moyennant une portion de ce que lui, propriétaire, en retire. Si, par la multiplication de sa famille, le fermier se trouve dix fois plus fort que son propriétaire, il produira dix fois plus : sera-ce une raison pour que le propriétaire s’en vienne décupler le fermage ? Son droit n’est pas : Plus tu produis, plus j’exige ; il est : Plus j’abandonne, plus j’exige. L’accroissement de la famille du fermier, le nombre de bras dont il dispose, les ressources de son industrie, causes de l’accroissement de production, tout cela est étranger au propriétaire ; ses prétentions doivent être mesurées sur la force productrice qui est en lui, non sur la force productrice qui est dans les autres. La propriété est le droit d’aubaine, elle n’est pas le droit de capitation. Comment un homme, à peine capable à lui seul de cultiver quelques arpents, exigerait-il de la société, parce que sa propriété sera de 10,000 hectares, 10,000 fois ce qu’il est incapable de produire une ? Comment le prix du prêt grandirait-il en proportion du talent et de la force de l’emprunteur plutôt qu’en raison de l’utilité qu’en peut retirer le propriétaire ? Force nous est donc de reconnaître cette seconde loi économique : L’aubaine a pour mesure une fraction de la production du propriétaire.

Or cette production, quelle est-elle ? En d’autres termes, qu’est-ce que le seigneur et maître d’un fonds, en le prêtant à un fermier, peut dire avec raison qu’il abandonne ?

La force productrice d’un propriétaire, comme celle de tout travailleur, étant 1, le produit dont il se prive en cédant sa terre est aussi comme 1. Si donc le taux de l’aubaine est 10 pour cent, le maximum de toute aubaine sera 0,1.

Mais nous avons vu que toutes les fois qu’un propriétaire se retire de la production, la somme des produits diminue d’une unité : donc l’aubaine qui lui revient étant égale à 0,1 tandis qu’il reste parmi les travailleurs, sera par sa retraite, d’après la loi de décroissance du fermage, égale à 0,09. Ce