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par le droit d’aubaine le capital s’entame lui-même : c’est ce que Papinien aurait exprimé sans doute par cette formule aussi élégante qu’énergique : Fœnus mordet solidum. Je demande pardon de parler si souvent latin dans cette affaire : c’est un hommage que je rends au peuple le plus usurier qui fut oncques.


Première proposition.


La propriété est impossible, parce que de rien elle exige quelque chose.


L’examen de cette proposition est le même que celui de l’origine du fermage, tant controversé par les économistes. Quand je lis ce qu’en ont écrit la plupart d’entre eux, je ne puis me défendre d’un sentiment de mépris mêlé de colère, à la vue de cet amas de niaiseries, où l’odieux le dispute à l’absurde. Ce serait l’histoire de l’éléphant dans la lune, n’était l’atrocité des conséquences. Chercher une origine rationnelle et légitime à ce qui n’est et ne peut être que vol, concussion et rapine, tel devait être le comble de la folie propriétaire, le plus haut degré d’ensorcellement où pût jeter des esprits d’ailleurs éclairés la perversité de l’égoïsme.

« Un cultivateur, dit Say, est un fabricant de blé qui, parmi les outils qui lui servent à modifier la matière dont il fait son blé, emploie un grand outil que nous avons nommé un champ. Quand il n’est pas le propriétaire du champ, qu’il n’en est que le fermier, c’est un outil dont il paye le service productif au propriétaire. Le fermier se fait rembourser à l’acheteur, celui-ci à un autre, jusqu’à ce que le produit soit parvenu au consommateur, qui rembourse la première avance accrue de toutes celles au moyen desquelles le produit est parvenu jusqu’à lui. »

Laissons de côté les avances subséquentes par lesquelles le produit arrive au consommateur, et ne nous occupons en ce moment que de la première de toutes, de la rente