Page:Proudhon - Qu’est-ce que la propriété.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.

(trois choses qu’il ne faut pas confondre avec le salaire ou prix légitime du travail), pour les échanges.

L’aubaine, espèce de régale, d’hommage tangible et consommable, compète au propriétaire en vertu de son occupation nominale et métaphysique : son scel est apposé sur la chose ; cela suffit pour que personne ne puisse occuper cette chose sans ma permission.

Cette permission d’occuper sa chose, le propriétaire peut l’octroyer pour rien ; d’ordinaire il la vend. Dans le fait, cette vente, est un stellionat et une concussion ; mais, par la fiction légale du domaine de propriété, cette même vente, sévèrement punie, on ne sait trop pourquoi, en d’autres cas, devient pour le propriétaire une source de profit et de considération.

La reconnaissance que le propriétaire exige pour la prestation de son droit, s’exprime soit en signes monétaires, par un dividende en nature du produit présumé. En sorte que, par le droit d’aubaine, le propriétaire moissonne et ne laboure pas, récolte et ne cultive pas, consomme et ne produit pas, jouit et n’exerce rien. Bien différents des idoles du Psalmiste sont les dieux de la propriété : celles-là avaient des mains, et ne touchaient pas ; ceux-ci, au contraire, manus habent et palpabunt.

Tout est mystérieux et surnaturel dans la collation du droit d’aubaine. Des cérémonies terribles accompagnent l’inauguration d’un propriétaire, de même qu’autrefois la réception d’un initié. C’est, premièrement, la consécration de la chose, consécration par laquelle est fait savoir à tous qu’ils aient à payer une offrande congruë au propriétaire, toutes et quantes fois ils désireront, moyennant octroi de lui obtenu et signé, user de sa chose.

Secondement, l’anathème, qui, hors le cas précité, défend de toucher mie à la chose, même en l’absence du propriétaire, et déclare sacrilège, infâme, amendable, digne d’être livré au bras séculier, tout violateur de la propriété.

Troisièmement, la dédicace, par laquelle le propriétaire ou le saint désigné, le dieu protecteur de la chose, y habite mentalement comme une divinité dans son sanctuaire. Par