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possibilité ; en sorte que si cette chose était souverainement impossible, elle serait souverainement injuste.


La propriété est physiquement et mathématiquement impossible.


Démonstration.


axiome. La propriété est le droit d’aubaine que le propriétaire s’attribue sur une chose marquée par lui de son seing.


Cette proposition est un véritable axiome. Car :

1o Ce n’est point une définition, puisqu’elle n’exprime pas tout ce que renferme le droit de propriété : droit de vendre, d’échanger, de donner ; droit de transformer, d’altérer, de consommer, de détruire, d’user et d’abuser, etc. Tous ces droits sont autant d’effets divers de la propriété, que l’on peut considérer séparément, mais que nous négligeons ici pour ne nous occuper que d’un seul, du droit d’aubaine.

2o Cette proposition est universellement admise ; nul ne peut la nier sans nier les faits, sans être à l’instant démenti par la pratique universelle.

3o Cette proposition est d’une évidence immédiate, puisque le fait qu’elle exprime accompagne toujours, soit réellement, soit facultativement, la propriété, et que c’est par lui surtout qu’elle se manifeste, se constitue, se pose.

4o Enfin la négation de cette proposition implique contradiction : le droit d’aubaine est réellement inhérent, tellement intime à la propriété, que là où il n’existe pas la propriété est nulle.

Observations. L’aubaine reçoit différents noms, selon les choses qui la produisent : fermage pour les terres ; loyer pour les maisons et les meubles ; rente pour les fonds placés à perpétuité ; intérêt pour l’argent ; bénéfice, gain, profit