de pain, qui bâtit un palais pour coucher dans une écurie, qui fabrique les plus riches étoffes pour porter des haillons, qui produit tout pour se passer de tout, n’est pas libre. Le maître pour lequel il travaille ne devenant pas son associé par l’échange de salaire et de service qui se fait entre eux, est son ennemi.
Le soldat qui sert sa patrie par peur au lieu de la servir par amour, n’est pas libre ; ses camarades et ses chefs, ministres ou organes de la justice militaire, sont tous ses ennemis.
Le paysan qui afferme des terres, l’industriel qui loue des capitaux, le contribuable qui paye des péages, des gabelles, des patentes, licences, personnelles, mobilières, etc., et le député qui les vote, n’ont ni l’intelligence ni la liberté de leurs actes. Leurs ennemis sont les propriétaires, les capitalistes, le gouvernement.
Rendez aux hommes la liberté, éclairez leur intelligence, afin qu’ils connaissent le sens de leurs contrats, et vous verrez la plus parfaite égalité présider à leurs échanges, sans aucune considération pour la supériorité des talents et des lumières ; et vous reconnaîtrez que dans l’ordre des idées commerciales, c’est-à-dire dans la sphère de la société, le mot supériorité est vide de sens.
Qu’Homère me chante ses vers, j’écoute ce génie sublime, en comparaison duquel moi, simple pâtre, humble laboureur, je ne suis rien. En effet, si l’on compare œuvre à œuvre, que sont mes fromages et mes fèves au prix d’une Iliade ? Mais que, pour salaire de son inimitable poème, Homère veuille me prendre tout ce que j’ai et faire de moi son esclave, je renonce au plaisir de ses chants, et je le remercie. Je puis me passer de l’Iliade et attendre, s’il le faut, l’Énéide ; Homère ne peut se passer vingt-quatre heures mes produits. Qu’il accepte donc le peu que j’ai à lui offrir, et puis que sa poésie m’instruise, m’encourage, me console.
Quoi ! direz-vous, telle sera la condition de celui qui chanta les hommes et les dieux ! l’aumône, avec ses humiliations et ses souffrances ! quelle générosité barbare !… — Ne vous exclamez pas, je vous prie : la propriété fait du