Page:Proudhon - Qu’est-ce que la propriété.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
vij

de 1838 avait signalé comme causes, ou pour mieux dire comme signes diagnostiques du malaise social, l’oubli de principes religieux et moraux, l’ambition des richesses, la fureur des jouissances, les agitations politiques ; toutes ces données furent par vous réunies en une seule proposition : De l’utilité de la célébration du dimanche, sous les rapports de l’hygiène, de la morale, des relations de famille et de cité.

Sous un langage chrétien vous demandiez, messieurs, quel est le vrai système de la société. Un concurrent[1] osa soutenir et crut avoir prouvé que l’institution d’un repos hebdomadaire est nécessairement liée à un système politique dont l’égalité des conditions fait la base ; que, sans l’égalité, cette institution est une anomalie, une impossibilité ; que l’égalité seule peut faire refleurir cette antique et mystérieuse fériation du septième jour. Ce discours n’obtint pas votre approbation, parce que, sans nier la connexité remarquée par le concurrent, vous jugeâtes, et avec raison, messieurs, que le principe de l’égalité des conditions n’étant pas lui-même démontré, les idées de l’auteur ne sortaient pas de la sphère des hypothèses.

Enfin, messieurs, ce principe fondamental de l’égalité, vous venez de le mettre au concours dans les termes suivants : Des conséquences économiques et morales qu’a eues jusqu’à présent en France, et que semble devoir y produire dans l’avenir, la loi sur le partage égal des biens entre les enfants.

À moins de se renfermer dans des lieux communs sans grandeur et sans portée, voici, ce me semble, comment votre question doit être entendue :

Si la loi a pu rendre le droit d’hérédité commun à tous les enfants d’un même père, ne peut-elle pas le rendre égal pour tous ses petits-enfants et arrière-petits-enfants ?

Si la loi ne reconnaît plus de cadets dans la famille, ne peut-elle pas, par le droit d’hérédité, faire qu’il n’y en ait plus dans la race, dans la tribu, dans la nation ?

L’égalité peut-elle, par le droit de succession, être conservée entre des citoyens, aussi bien qu’entre des cousins

  1. De l’utilité de la célébration du dimanche, etc., par P.-J. Proudhon : Besançon, 1839, in-12, 2e édition, Paris, 1841, in-18.