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§ 4. Du travail. – Que le travail n’a par lui-même, sur les choses de la nature, aucune puissance d’appropriation.


Nous allons démontrer, par les propres aphorismes de l’économie politique et du droit, c’est-à-dire par tout ce que la propriété peut objecter de plus spécieux :

1o Que le travail n’a par lui-même, sur les choses de la nature, aucune puissance d’appropriation ;

2o Qu’en reconnaissant toutefois cette puissance au travail, on est conduit à l’égalité des propriétés, quelles que soient, d’ailleurs, l’espèce du travail, la rareté du produit, et l’inégalité des facultés productives ;

3o Que, dans l’ordre de la justice, le travail détruit la propriété.

À l’exemple de nos adversaires, et afin de ne laisser sur notre passage ni ronces ni épines, reprenons la question du plus haut qu’il est possible.

M. Ch. Comte, Traité de la propriété :

« La France, considérée comme nation, a un territoire qui lui est propre. »

La France, comme un seul homme, possède un territoire qu’elle exploite ; elle n’en est pas propriétaire. Il en est des nations entre elles comme des individus entre eux : elles sont usagères et travailleuses ; c’est par abus de langage qu’on leur attribue le domaine du sol. Le droit d’user et d’abuser n’appartient pas plus au peuple qu’à l’homme ; et viendra le temps où la guerre entreprise pour réprimer l’abus du sol chez une nation, sera une guerre sacrée.

Ainsi M. Ch. Comte, qui entreprend d’expliquer comment la propriété se forme, et qui débute par supposer qu’une nation est propriétaire, tombe dans le sophisme appelé pétition de principe ; dès ce moment, toute son argumentation est ruinée.

Si le lecteur trouvait que c’est pousser trop loin la logique que de contester à une nation la propriété de son territoire, je me bornerais à rappeler que du droit fictif de propriété