la parole. Toute tentative d’envahissement, d’extension d’attributions, cette préoccupation constante des corporations privilégiées, vient par cette voie. Certaines de ses décisions empiètent d’une manière flagrante sur les droits du gouvernement. Ainsi l’affluence des effets publics résultant de la création des chemins de fer a certes porté l’encombrement dans les marchés. Pour parer à cet inconvénient, la Chambre syndicale a imaginé la double liquidation mensuelle. C’est double courtage, doubles reports, au bénéfice des agents de change et au détriment des spéculateurs. Il n’appartenait, selon nous, qu’à l’administration publique de prendre une décision à ce sujet : peut-être aurait-elle résolu la difficulté d’une autre manière, par exemple en augmentant le nombre des offices.
Pendant le dernier trimestre de 1852, l’affluence des spéculateurs était si grande, que les agents de change ne pouvaient suffire à réaliser seulement les ordres au comptant ; tel acheteur était obligé d’attendre trois jours et de payer plus cher, si la cote montait, les valeurs qu’il avait demandées. C’était une démonstration patente de l’insuffisance du nombre des agents : l’opinion pouvait s’en émouvoir. Que fit la Chambre syndicale ? Elle prit, le 8 novembre, une décision imposant à tout spéculateur à terme une couverture de 150 francs par action de chemin de fer.
Sans doute il y a une loi plus stricte que cela : celle qui oblige l’agent à ne vendre que des titres déposés chez lui et à n’acheter que pour les sommes qu’on lui a remises. Mais, puisque la pratique s’est affranchie de ces prescriptions et qu’elle admet les opérations à découvert, la décision du 8 novembre est un véritable coup d’État.
Le but de cette mesure était d’éliminer les joueurs sans capitaux, non dans l’intérêt de la morale, mais afin de désencombrer la place. Quel en a été le résultat ? un peu plus de bénéfice pour les agents. « Vous voyez, disent-ils aux spéculateurs à découvert, nous sommes tenus d’exiger de vous 150 fr. de couverture par action. — Mais les différences n’atteignent jamais ce chiffre ; ne pourrait-on s’arranger ? — Fournissez-moi une caution : M. X pourra, je crois, faire