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nomiques, et qui envahit toutes les branches de la production, demeure éternellement fermé à l’ouvrier ? que l’action ne soit accessible qu’à l’écu, et que le travail, par essence et destination, repousse à tout jamais la commandite du travail ? Devons-nous croire que la société du commerce, en se généralisant avec cette puissance irrésistible, a pour but providentiel de ressusciter le régime des castes, de creuser plus profondément le sillon entre la bourgeoisie et le prolétariat, et non d’amener la fusion nécessaire et définitive des deux classes, c’est-à-dire leur émancipation et leur triomphe ?

D’ici à un demi-siècle, tout le capital national aura été mobilisé ; toute valeur engagée, servant d’instrument à la production, sera inscrite sous une raison sociale ; le champ de la propriété individuelle sera réduit aux objets de consommation, ou, comme dit le Code, aux choses fongibles. Est-ce donc que le salarié, l’antique esclave, exclu, dès l’origine du monde, de la Propriété, devra l’être encore, jusqu’à la consommation des siècles, de la Société ?

Sous quelque aspect que nous considérions les choses, par le côté politique ou par le côté économique, au point de vue de la mécanique comme à celui de la commandite, il appert de plus en plus que nous marchons, à travers un semblant de restauration féodale, à une Démocratie industrielle.

Or, pour opérer cette transformation définitive, il suffit, quant au Droit, d’un petit nombre de modifications à apporter aux statuts des Compagnies actuelles : nous avons dit, au chapitre de l’Association, pages 195 à 209, et tout à l’heure en parlant des Sociétés ouvrières, pages 461 à 471, quelles étaient ces modifications. Quant au transfert de la propriété, sauf le cas d’une lutte qui mettrait la bourgeoisie à la merci de la plèbe, il n’est besoin que d’une simple opération d’amortissement.

Dans vingt-cinq ans, dans dix ans peut-être, au train dont vont les choses, le travail aura le compte exact du capital. Pense-t-on que l’idée ne vienne pas alors au premier d’amortir l’autre, et que, cette idée surgissant, qui que ce soit puisse en empêcher l’exécution ?