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et de la consommation, toutes choses qui indiquent une action ou fonction collective. Que la collectivité acquière donc la conscience d’elle-même, et au lieu de servir à l’exploitation individuelle, elle ne voudra plus produire que pour soi ; alors les institutions de Crédit, les services publics, les corporations ouvrières, au lieu d’agir au profit de quelques-uns, travailleront pour tous ; et la propriété comme l’État sera révolutionnée…

Qu’est-ce qu’un chemin de fer, par exemple ? Une industrie servie par un groupe de travailleurs de divers grades et espèces : hommes d’équipe, mécaniciens, chauffeurs, terrassiers, maçons, graisseurs, surveillants, comptables, etc.

Qu’est-ce qu’une mine, une forge, une verrerie, une fabrique de gaz ou de produits chimiques, un service d’omnibus, une entreprise de navigation ? — Autant d’industries différentes, servies par des groupes spéciaux d’ouvriers et d’employés.

Il en est ainsi de la Banque de France et autres institutions de crédit ; des docks, des ports et de tous les établissements servant à la réception, à l’entrepôt, au chargement et au déchargement des marchandises : toujours des services rendus par des groupes d’hommes.

Un entrepreneur a calculé qu’il y avait en France 6,000 ponts à construire : quel labeur, avec l’entretien de ceux qui existent ! À Rome autrefois, et dans la vieille Étrurie, il y avait une corporation dite des constructeurs de ponts, pontifices, une vaste confrérie, une franc-maçonnerie pontificale. Alors le travail n’étant pas émancipé, la Société des pontifes formait une corporation privilégiée, consacrée par la religion. Qui empêcherait chez nous d’en faire une Compagnie ouvrière, comme celles des maçons et des paveurs ?

Le nombre des chaudières à vapeur était, en 1852, de 7,779, représentant une force de 216,456 chevaux-vapeur. Or, toute machine est comme une pièce d’artillerie, ayant pour résultat non-seulement de remplacer le travail humain, mais de se faire à elle-même, des ouvriers qu’elle supplée, autant de servants. La machine, en un mot, est l’expression matérielle du groupe travailleur. Rendre l’ouvrier co-pro-