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quence. Voyons ce que ces hommes, sans conseils et sans ressources, ont tiré de là, ce qu’ils peuvent en tirer encore.

Il nous est impossible d’entrer ici, comme nous l’avions fait à la seconde édition de ce Manuel, dans le détail des opérations et des inventaires de chaque Société.

Qu’il nous suffise de rappeler et de dire que le fonds social, dans toutes ces Compagnies, a commencé, comme celui de la civilisation, par zéro ; qu’en quelques années ce fonds s’est élevé, selon l’importance de l’industrie et le nombre des associés à 20,000, 30,000, 50,000 et 80,000 fr. ; que, depuis 1853, ce progrès s’est soutenu ; qu’au fonds social les Compagnies ajoutent aujourd’hui une caisse de réserve et de secours, formée par un prélèvement sur les bénéfices ; que toute idée de communisme est aujourd’hui abandonnée, et l’égalité du bien-être soumise à l’égalité ou équivalence des services, ayant pour point d’appui l’égalité des garanties.

Du reste, les ouvriers sont persuadés que la fortune des Associations est bien moins dans leur extension que dans leur mutualité : l’expérience leur a appris que l’Association, si libérale qu’on la fasse, si dégagée de toute sujétion personnelle, de toute solidarité domestique, de toute exploitation administrative qu’on la suppose, exige encore une certaine éducation des sujets. On ne naît point associé, nous disait l’un d’eux ; on le devient. N’est-ce pas la traduction du mot fameux : Homo homini lupus, aut deus ?

Société des Bijoutiers en doré, rue Notre-Dame-de-Nazareth, 8. — Fondée en 1834, avec un capital de moins de 200 fr. — 8 associés, 12 auxiliaires ; chiffre d’affaires en 1856 : 200,000 fr, , produit net : 41,000 fr.

Société des Menuisiers en fauteuils, rue de Charonne, 5. — Personnel de la Société en 1853 : 90 associés et autant d’auxiliaires.— Capital : 81,123 fr. 12 c.

Depuis 1853, les ventes et bénéfices de cette Société ont été toujours croissants. On nous assure qu’à cette heure son actif net n’est pas moindre de 200,000 fr. Elle est assez riche pour offrir à un gérant dont elle ne veut plus une pension de 1,500 fr. à titre d’indemnité. C’est plus que l’État ne donne à un capitaine, après 30 ans de service.