constituée moitié par le privilége, moitié par la licence, toujours avec l’aide et l’approbation du gouvernement. Le titre III, livre Ier, du Code de commerce, concernant les sociétés de commerce, lui tient lieu, provisoirement, de charte.
L’anarchie industrielle n’avait pas conscience d’elle-même ; elle ne se savait pas. La féodalité industrielle se sait ; elle agit en connaissance de cause. La première était de bonne foi, partant honnête ; la seconde, qui ne peut invoquer en économie d’autres principes que ceux que lui a laissés sa mère, et qui ne peut plus y croire, est fatalement de mauvaise foi ; elle est immorale.
La masse de valeurs cotées à la Bourse, dont la féodalité industrielle dispose, monterait déjà, suivant un économiste, M. Angelo Tedesco, à près de 20 milliards de francs :
Dette publique | 10.144.260.840 fr. |
Banques diverses | 1.677.167.000 |
Obligations | 2.170.097.377 |
Chemins de fer | 3.156.910.000 |
Assurances | 262.650.000 |
Hauts-fourneaux | 491.306.545 |
Messageries et transports | 352.990.000 |
Gaz | 213.197.000 |
Mines | 145.895.495 |
Ponts et Canaux | 301.136.037 |
Divers | 412.012.437 |
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Total | 19.507.623.491 fr. |
En y ajoutant les établissements non cotés, mais que la nature de leur institution et leur importance permettent de ramener à cette grande catégorie du travail féodal, plus 8 milliards de créances hypothécaires, on peut évaluer, modérément, l’actif de la caste à 30 milliards.
Trente milliards de francs ! c’est sur cette masse de capitaux, plus ou moins solidaires, que la féodalité nouvelle est assise ; c’est avec cette artillerie qu’elle mitraille à bout portant la multitude inorganisée des petites industries et des petites fortunes, qu’elle bat en brèche les garanties créées par la Révolution et toutes les libertés publiques.
Trente milliards de francs, produisant en intérêts, divi-