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été pleinement justifiées. Depuis cette époque, la Compagnie s’est mise en liquidation, sans avoir rien fait.

Ses administrateurs, MM. Cusin, Legendre et Duchêne de Vère, ont dû justifier leur gestion devant la police correctionnelle.

L’assemblée générale du 2 juin 1856 a sanctionné un projet de traité avec les docks et le chemin de fer de Saint-Ouen. D’après ce projet, les deux Compagnies n’en formeraient qu’une ; le capital serait de 30 millions, dont 16 millions par les docks-Napoléon, et 14 millions par la Société de Saint-Ouen. Les actions des docks, de 250 fr., dont 125 versés, s’échangeraient à raison de trois anciennes contre une nouvelle de 250 fr., valeur nominale, libérée de 187 fr. 50 c, et perdraient ainsi 62 fr. 50.


Il est question de construire des docks dans nos ports et d’en concéder l’exploitation à une seule Compagnie pour toute la France. Quelle peut être la raison de ce monopole, dont on cite M. Ém. Pereire comme le futur bénéficiaire ? C’est de compléter sans doute l’institution du Crédit mobilier, et de placer sous la main d’une même agence la circulation des marchandises, comme on y a placé la circulation des valeurs industrielles. Alors, avec la faculté de faire la hausse et la baisse, 1° sur toutes les actions ; 2° sur toutes les marchandises ; 3° sur toutes les voies de transport ; avec la centralisation des banques et la centralisation des hypothèques, le système sera fort avancé : encore un pas, et nous aurons une dictature.

Quelques personnes pensent néanmoins que l’idée de docks peut recevoir une application utile dans les chefs-lieux de département, aux points de jonction des canaux et des lignes de fer, pour centraliser les produits des récoltes, discipliner le marché, faire des avances aux producteurs, qui échapperaient ainsi à l’avilissement de leurs denrées, en même temps que les consommateurs seraient préservés des risques d’accaparement et de hausse exorbitante. Nous avons