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ou à son industrie. C’est un déplacement au lieu de cinq à dix que nécessite le système français. Ajoutons que le droit de douane s’acquitte seulement au moment où les marchandises sortent de l’entrepôt ; le négociant n’a pas besoin d’en faire l’avance.

Si les docks et les warrants sont appelés à rendre d’immenses services sur les ports de mer, ils ne doivent pas être moins utiles, on le suppose du moins, sur les marchés situés au centre d’un grand mouvement de marchandises circulant par la voie des canaux ou des chemins de fer.

Paris, sous ce rapport, semble se placer en première ligne parmi les villes où le dock semble indispensable. L’idée qui a présidé au décret du 17 septembre, décret mal inspiré, encore plus malheureux, dont les promoteurs de l’entreprise auraient dit cependant, qu’il valait à lui seul, comme apport à la Compagnie, vingt-cinq millions !

En fait, et malgré toutes les excitations pour déterminer la fougue des boursiers, l’affaire a été accueillie par le public avec plus de curiosité que d’intérêt. L’incapacité et la malversation aidant, elle a été constamment en baisse, tant et si bien qu’elle a fini par se liquider en police correctionnelle, et que personne à cette heure ne se préoccupe des docks, à part les actionnaires.

Serait-ce donc une mauvaise spéculation ? Peut-être. Malgré l’éloge que le ministère public et les inculpés en ont fait à l’envi devant le tribunal, le premier dans l’intérêt de l’accusation, les autres dans l’intérêt de leur défense, il nous est impossible de saisir le caractère précis de l’institution.

Le dock, tel qu’il existe en Angleterre, à Londres et à Liverpool, a sa raison d’être dans un immense développement maritime, au moyen duquel le commerce presque entier de l’Europe avec le reste du globe se trouve concentré sur ces deux places. Pour faire de Paris, à l’aide des docks, un marché central européen, en concurrence avec le marché de Londres, il faudrait donc : 1° faire de cette capitale un port de mer capable de recevoir des navires de 500 et 1,000 tonnes, une flotte de plusieurs milliers de voiles ; 2° pour utiliser et desservir ce port, créer une marine comparable à