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comme de leur bien propre ; mettant à la charge d’une partie de leurs actionnaires des exploitations onéreuses ; donnant à d’autres des obligations à revenu et capital fixe en échange d’actions susceptibles de produire de gros dividendes et de tripler de valeur ; taillant et coupant dans les contrats au gré de leurs caprices ou de leurs intérêts ; arrachant à l’État des prorogations de baux de deux tiers pour des lignes qui, comme celle de Paris à Strasbourg, ont plus coûté au gouvernement qu’aux actionnaires.

Et personne n’y trouve à reprendre ou à blâmer ; au contraire, on décore ce système des grands mots de crédit démocratisé, d’intérêt national, de progrès industriel. En vérité, si la féodalité banquière savait régler ses appétits et mettre des bornes à sa voracité, ce serait à désespérer de la liberté en France. Heureusement, au train dont vont les choses, il est permis d’espérer qu’avant peu elle crèvera de ses propres excès ; mais ce ne sera pas sans de graves perturbations pour les intéressés.

Pourquoi l’intelligence des affaires, la sagesse des combinaisons, la prévoyance laissent-elles la place à l’empirisme ? Pourquoi la société erre-t-elle à l’aventure, au caprice des passions et de l’égoïsme de quelques ambitieux insatiables ? Ceux qui, par leur concours officieux, leur incurie ou leur indifférence, prêtent la main à cette spoliation de l’État et des particuliers, ne seront du moins pas fondés à se plaindre au jour du cataclysme.


état financier de la compagnie.


Les dépenses d’établissement faites et à faire sont évaluées approximativement, au 30 juin 1855, par les Documents statistiques du ministère des travaux publics, à 646,661,012 fr.

La Subvention de l’État se compose :

1° Des achats de terrains, terrassements, ouvrages d’art, ateliers, stations, maisons de garde de Paris à Strasbourg, et des embranchements qui s’y raccordent par le côté du Nord ;

2° De 3 millions en espèces pour la ligne de Wissembourg.