Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

MM. de Rothschild frères 7,000
d’Eichtal et fils 3,500
Davilliers et Cie 3,500
Thurneyssen et Cie 3,500
Jacques Lefebvre et Cie 3,500
baron Berthon 200
V. Lanjuinais 200
Émile Pereire 600

Or, le jour de leur émission , ces mêmes actions ont fait de 700 à 725 fr. à la Bourse : ce qui permettait aux huit personnes ci-dessus nommées de réaliser un bénéfice de plus de 4 millions et demi en vendant ce jour même, non l’action portant dividende, mais la promesse d’action entraînant l’obligation d’en verser le montant. C’est, au reste, l’histoire de la plupart des sociétés anonymes, des émissions d’obligations, de souscriptions d’emprunt, etc.


Les plus anciens chemins de fer datent au plus de quinze années. Les moindres concessions avaient plus de 30 ans de durée ; beaucoup étaient de 99 ans. Et voilà que les Compagnies sont venues à la suite les unes des autres solliciter des garanties nouvelles de l’État, des accroissements de baux, des fusions ! Étaient-elles lésées dans leurs intérêts ? Les contrats leur semblaient-ils onéreux ? Comment concilier cette hypothèse avec la hausse constante des actions, dont quelques-unes ont plus que triplé ?

Quel a donc été le mobile des hautes administrations en cette occurrence ? C’est que la spéculation boursière avait tiré des titres à peu près tout ce qu’ils pouvaient rendre. Il s’agissait d’inventer de nouveaux artifices, de susciter une hausse quand même, afin d’offrir un aliment à l’agiotage parasite. Après avoir escompté, en cinq ou dix ans, 40, 50, 80 années de bail, il faut escompter en un délai moindre encore les prorogations à 99 ans, les garanties et les subventions de l’État. Et l’on parle de respect des conventions !

Après les baux à 90 ans viendront sans doute les concessions perpétuelles, puis les opérations de rachat par le gouvernement, dans le genre de celles auxquelles les actions de jouissance des canaux ont donné lieu. L’agiotage n’a pas