les joueurs seront coalisés, sur qui prélèveront-ils des différences ?
Voilà certes un titre sérieux, moral, sous lequel on ne songerait guère à chercher l’esprit d’aventure et de témérité qui caractérise le Crédit mobilier et ses annexes. Quoi de moins aléatoire que les opérations d’escompte ? Le négoce ne vit pas d’oscillations, de fluctuations : au contraire, il en souffre cruellement ; sa tendance est à la fixité, à la détermination des valeurs, qui laisserait peu de prise à l’agiotage, lequel fait toute l’importance des sociétés de jeu. Il y a donc antagonisme entre les opérations sérieuses du commerce, basées sur des livraisons certaines, des cours normaux, et les spéculations boursières, qui ne visent qu’à des différences, à la hausse et à la baisse sans rime ni raison.
Cependant M. A. Prost, le directeur-gérant de la Société qui nous occupe, entend mener de front ces deux sortes d’affaires, bénéficier sur le certain et sur l’alea. C’est du moins le compte rendu de 1856 qui nous l’apprend.
« Aux termes de ses statuts, la Compagnie générale des Caisses d’escompte avait deux objets à poursuivre :
« Le premier était d’organiser et d’assurer le crédit commercial dans tous les centres provinciaux où elle fondait des Caisses d’escompte ;
« Le second était de servir de centre de ralliement aux capitaux des départements pour les faire participer aux bénéfices de toutes les opérations financières habituelles aux maisons de haute banque et aux sociétés de crédit. »
L’escompte semble même n’avoir été, dans la pensée des fondateurs, qu’un moyen, un levier, un point d’appui.
« Au début, et pour créer l’instrument qui devait nous servir à faire, dans des conditions favorables, les opérations de haute finance, nous avons dû consacrer exclusivement nos efforts à l’organisation des Caisses d’escompte, et c’est tout récemment que nous avons trouvé opportun de poursuivre concurremment le second but de nos statuts. »