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lions de rentes, actions de chemins de fer, etc. Au 3 avril 1854, la dépréciation de toutes ces valeurs étant, par hypothèse, de 25 0/0 en moyenne, le gage du Crédit mobilier, son capital compris, n’aurait plus été que de 510 millions. Supposons qu’alors les porteurs d’obligations fussent venus réclamer leur remboursement, la Compagnie, déclarée en faillite, aurait perdu, en dix-huit mois : 1° son capital de 60 millions ; 2° 90 millions transférés, sous sa garantie, de la poche de ses créanciers dans celle de ses emprunteurs.

À quoi le rapporteur répond :

« Le résultat définitif des opérations du Crédit mobilier, lorsqu’il aura pris tous les développements prévus par nos statuts, se résumera, en dehors du revenu de notre capital, dans une différence d’intérêt entre la somme de ses emprunts et celle de ses placements. Parvenues à ce point, les variations de cours nous seraient jusqu’à un certain point indifférentes, puisque nos bénéfices se trouveraient basés sur des revenus et non sur des oscillations de capital. »

À qui ose-t-on compter de pareilles balivernes ? Si les actions de Lyon à la Méditerranée ont dépassé 1,800 fr., valeur de capital, n’est-ce pas parce que les transports de la guerre pour l’armée d’Orient ont développé sur cette ligne un trafic inouï, qui a permis de compter sur un revenu hors ligne ? Pourquoi les compagnies de chemin de fer ont-elles tant de soin de faire ressortir l’augmentation de leurs recettes brutes, sinon afin de pousser à la hausse en capital des titres, par l’appât d’un plus fort dividende ? Pourquoi les oscillations sur les obligations sont-elles comparativement peu sensibles, si ce n’est parce qu’elles jouissent d’un revenu fixe ?

Au surplus, ces obligations mobilières sont toujours à l’état de projet ; il n’en a été émis encore qu’à de courtes échéances. La Société devait en lancer 240,000 en 1855.

« L’espoir fondé des bénéfices exceptionnels en vue desquels l’émission de nos obligations était résolue provoqua une hausse considérable sur le prix de nos actions, dit le Rapport de 1856, et bientôt la spéculation, s’emparant de ce mouvement, lui donnait des proportions exagérées.