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Ce qui porte leur intérêt total à 3 fr. 80 c. 8 millièmes.

L’intérêt ayant été calculé, comme il a été dit, à 3 fr. 65 c, c’est un sacrifice de 13 c. 8, plus 2 c. pour frais de tirage, ensemble 15 c, 8 par chaque 100 fr. d’emprunt et par an, que la Société, d’après ses statuts, s’impose, pour attirer les capitalistes et gagner le large. Ce sacrifice devant être pris sur les frais d’administration, évalués à 60 c, lesdits frais, qui constituent le produit brut de l’entreprise, se trouvent ainsi ramenés à 45 c., ce qui, pour 50 ans et pour 200 millions de prêts, fait juste la somme de 45 millions, pour couverture des débours de la Compagnie et appointements de ses employés.

Le nombre des obligations émises ou à émettre de la première série est de 200,000, remboursables en 50 ans ; elles sont de 1,000 fr. au pair, avec coupures de 100, 200, 500 fr., ayant droit à 1/10e, 1/5e, 1/2 lot, si elles sont dans les deux premières catégories. — Les intérêts se payent le 1er mai et le 1er novembre ; les coupures de 100 fr. se règlent seulement à cette dernière époque.

Au 31 décembre 1855, la circulation de ces valeurs était, d’après le Rapport, de 210,473 titres, auxquels la société devait 61,148,250 fr. ; les emprunteurs devaient à la Compagnie, à la même époque, 62,218,931 fr. 65 c.

La Société a annoncé, dans le courant de juin 1856, qu’elle recevrait en compte courant les sommes qu’on voudrait lui confier, et qu’elle en payerait l’intérêt. On croit qu’elle veut, avec ces capitaux, soutenir par des reports le cours de ses obligations.

Toutes ces loteries, cet agiotage, ces variations de l’intérêt et de l’annuité nous semblent produire le plus mauvais effet dans un établissement de Crédit foncier. Mieux vaudrait pour lui se résigner à l’inaction, attendre que les circonstances ramènent la confiance, et avec la confiance les capitaux, que de se livrer à ces opérations de Bourse, qui ne peuvent que le déshonorer, sans lui valoir le moindre crédit.

Les fondateurs du Crédit foncier, disions-nous, se sont