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ticulières n’étant point, dans le plus grand nombre de cas, égales entre elles, il y a nécessité soit de les fractionner, soit de les compléter par appoint.

Pour obvier à ces inconvénients, A, B, C, D, E…. Z, — l’ensemble de tous les producteurs, — connaissent une institution de banque, dont les opérations méritent confiance. Chacun d’eux se repose sur elle du soin de vérifier la solvabilité des escompteurs. A, au lieu de remettre à C le billet souscrit par B, que C ne connaît pas, va à la Banque ; celle-ci, après information, trouvant la créance solide, garde l’obligation de B, dont elle poursuivra le remboursement à échéance, et y substitue un papier portant sa propre signature, accepté partout comme argent comptant. Les payements s’effectuent à l’aide du billet de banque remplaçant le billet personnel. Le mécanisme est plus simple, la circulation plus active, la garantie plus certaine, puisqu’il s’y ajoute celle de la banque ; mais le résultat est le même.

La Banque de France n’accepte que du papier solidement gagé ; elle n’a pas éprouvé une seule faillite en 1855 : les bénéfices de l’escompte sont à peine entamés par quelques non-valeurs annuelles. D’où peuvent donc venir les crises qui ont plus d’une fois ébranlé son crédit ?

Une baisse dans le chiffre des affaires, la déconfiture de grandes maisons de commerce, un nombre considérable d’effets en souffrance, doivent nécessairement réagir sur la Banque et lui créer des embarras. Mais, indépendamment de ces causes, qui lui sont extérieures, nous en trouvons deux autres dans le vice même de sa constitution, et qui sont : 1° l’obligation de rembourser les billets en numéraire ; 2° la dépendance où elle se trouve vis-à-vis de l’État, dont les emprunts peuvent la mettre à découvert.

Le remboursement des billets implique, selon nous, contradiction. S’ils doivent avoir sans cesse pour gage une valeur égale en métaux, à quoi servent-ils ? Pourquoi ne pas faire tout de suite les transactions en monnaie ? La raison d’être du billet de banque, c’est apparemment l’insuffisance des espèces. Et, en effet, la pratique, à qui il ne manque que de raisonner ses procédés, ne le comprend pas autrement.