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sent su jamais produire ; — 661 millions de subvention sont accordés aux Compagnies de chemins de fer, plus une garantie d’intérêt pour leurs actions : et vous accusez le jeu !

Les fournitures de l’État et des Compagnies engendrent aux heureux adjudicataires des millions ; le pot-de-vin est devenu le privilége de tout mandat, de toute gérance : et ce monde d’employés, de commis, d’ouvriers, de petites gens, vous lui parlez désintéressement, intégrité, morale !

Le prêt sur report donne jusqu’à 250 p. 0/0 d’intérêt ; le privilége des agents de change produit à la corporation, en une seule année, 80 millions : et vous déclarez infâme, vous frappez de confiscation l’usurier de village qui prête sur hypothèque à 8 0/0 ! Tâchez donc, vous-même, avec votre Société de Crédit foncier, de faire concurrence à l’usure.

Le boutiquier et le prolétaire voient en un jour leur loyer augmenté de moitié, de trois quarts, sans autre cause que le bon plaisir du maître de maison : et vous poursuivez comme crime d’État la grève du travailleur, grève dont la cause première est le loyer ; vous signalez aux vengeances de la multitude l’épicier, le charcutier, le boulanger, le marchand de vin, falsificateur, accapareur !…

Ah ! sachez-le une fois : les faits et gestes de la Bourse ont fait table rase de l’honnêteté commerciale ; l’exagération arbitraire, insultante des loyers, la mobilité des tarifs, les fusions de Compagnies, les confiscations, expulsions, pour cause d’utilité publique, ont détruit le respect de la propriété, et, ce qui est pire, l’amour du travail dans les cœurs. Nous n’existons plus que par la police, par la force.