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nous, la spéculation utile de la spéculation improductive et agioteuse dont ils font bénévolement une exception, essayent d’obtenir grâce, tolérance, pour le spéculateur nécessiteux, faiseur de dupes et de victimes, en faveur du financier probe et austère, qui…., dont…., auquel…., etc. On voit que M. Mirès parle de l’abondance de son cœur. Il connaît les nécessiteux, et il ne demande pas mieux aujourd’hui que de servir de Mécène au talent et à la vertu.

Quelques faits en réponse à ces fiers théoriciens trouveront naturellement ici leur place, et compléteront les éléments de la question que nous soumettons à nos lecteurs.


§ 1er. Comment les opérations aléatoires, indifférentes de leur nature, conduisent fatalement, dans l’état actuel des choses, à l’escroquerie et au vol. — Complicité de la science et de la loi. — Inégalité de position des joueurs.


Ainsi que nous l’avons remarqué dans notre Introduction, dans un état de choses fondé sur l’absence complète de mutualité entre les organes de la production et de la circulation, aucune loi sérieuse, soit de prévenlion, soit de répression, contre les abus dont la Bourse en premier lieu, et après elle la commandite, sont le théâtre, n’est possible.

Cette impuissance du législateur contre des actes qui tous, du plus au moins, se ramènent à l’escroquerie et au vol, constitue, suivant nous, la réduction à l’absurde de la théorie qui les engendre, et qui par suite se trouve condamnée à en soutenir l’innocence, à en affirmer la légitimité.

Or, telle théorie, telle pratique ; telle science, telle société. L’économie politique, telle que l’ont laissée Adam Smith, J.-B. Say, D. Ricardo, Malthus, etc., et que la représente l’Académie des Sciences morales et politiques, n’est autre chose que la description du galimatias social dans lequel croupit l’humanité depuis soixante siècles. Faut-il s’étonner que les adeptes de cette prétendue science en aient fait dans ces dernières années engin de contre-révolution ?…

Que le lecteur veuille bien nous accorder quelques minutes d’attention : notre dessein n’est pas de surprendre sa bonne foi.