Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sous la pression des événements, et tout en suivant ma pensée première, j’ai été conduit à discuter plus à fond les affaires, à qualifier les actes, à en dégager les causes, à définir les situations, à calculer les tendances, d’après des considérations d’économie et de droit qui dépassent la responsabilité du libraire.

Voilà ce qui m’oblige à paraître, et sur quoi je demande à m’expliquer.

Deux considérations d’ordre majeur dominent tous les jugements exprimés dans ce recueil : la morale publique, et le mouvement économique.

Morale publique.

L’ordre agricole et industriel, cette première et profonde assise sur laquelle repose l’édifice social, est en pleine révolution.

Est-ce une nation qui déchoit, une société qui s’en va, ou une civilisation supérieure qui commence ? Le lecteur en décidera. Ce qui est sûr au moins, c’est que la transformation, pour la liberté ou pour la servitude, pour la suprématie du travail ou la prépotence du privilége, je ne l’examine point, est partout à l’ordre du jour. Tel est le fait général, décisif, qui ressort en premier lieu de notre inventaire industriel.

Or, quel que soit le but où elles tendent, les Révolutions, et entre toutes celles qui ont pour objet la distribution et l’exploitation de la fortune publique, sont des occasions de triomphe pour l’improbité. On l’a vu à toutes les époques, mais jamais peut-être autant qu’à la nôtre, jamais surtout avec un tel accompagnement d’indifférence.

Ainsi l’on a affecté de ne voir dans les scandales de l’époque que de l’agiotage. Le Moniteur l’a fait entendre ; la magistrature, suivant l’exemple donné d’en haut, a