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de soi-disant républicains, faisait des Tuileries les Invalides du Peuple, etc. , etc. ? — Il prenait bien son temps le Gouvernement provisoire !

Dans une adresse emphatique, il s’écriait, par la bouche de M. Lamartine : Les portes de la liberté sont ouvertes !… Ailleurs, il mettait le désintéressement à l’ordre du jour, et faisait savoir à tous que la vrai politique est la grandeur d’âme. Une autre fois, sur la proposition de Louis Blanc, il invitait le peuple à la patience, disant que la question du travail était complexe, qu’on ne pouvait la résoudre en un instant, ce dont personne, à l’exception du Gouvernement provisoire, n’avait douté jusque-là.

Le peuple avait demandé l’éloignement des troupes. Un journaliste, M. Émile de Girardin, mieux avisé encore, proposait de réduire immédiatement l’armée de 200,000 hommes. C’était marcher à la révolution cela, c’était aller à la liberté. Le Gouvernement provisoire répondit au vœu du peuple, en même temps qu’à la proposition du journaliste, 1o en décrétant la création de vingt-quatre bataillons de gardes mobiles ; 2o en faisant peu de temps après un appel de 80,000 hommes ; 3o en invitant la jeunesse des écoles à s’enrôler dans les sections. Sans compter que les troupes ne s’éloignèrent pas de Paris. Ce que le Gouvernement provisoire prenait pour initiative n’était qu’une imitation de 93. Que voulait-il donc faire de tous ces soldats ? Juin, juin par deux fois, nous l’apprendra.

Comme il ne pouvait par lui-même s’occuper de la grande question du siècle, et qu’il eût été d’ailleurs fort embarrassé à la résoudre, le Gouvernement provisoire avait pris le sage parti de l’enterrer. C’est à quoi surtout il appliqua son initiative. Ainsi, il nommait une commission (voilà bien le gouvernement !) pour examiner la question du travail ; une autre commission pour examiner la question du crédit ; une troisième commission pour réprimer la curée