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la gêne de leurs facultés ; c’est de façonner leur esprit et de les pousser continuellement vers le progrès par le préjugé, par les restrictions, par une résistance calculée à toutes leurs idées, à tous leurs besoins. Tu ne feras point ceci ; tu t’abstiendras de cela : le Gouvernement, quel que soit le parti qui règne, n’a jamais su dire autre chose. La Défense est depuis Éden le système d’éducation du genre humain. Mais, l’homme une fois parvenu à l’âge de majorité, le Gouvernement et les Partis doivent disparaître. Cette conclusion arrive ici avec la même rigueur de logique, avec la même nécessité de tendance que nous avons vu le socialisme sortir de l’absolutisme, la philosophie naître de la religion, l’égalité se poser sur l’inégalité même.

Lorsque, par l’analyse philosophique, on veut se rendre compte de l’autorité, de son principe, de ses formes, de ses effets, on reconnaît bientôt que la constitution de l’autorité, spirituelle et temporelle, n’est autre chose qu’un organisme préparatoire, essentiellement parasite et corruptible, incapable par lui-même de produire autre chose, quelle que soit sa forme, quelque idée qu’il représente, que tyrannie et misère. La philosophie affirme en conséquence, contrairement à la foi, que la constitution d’une autorité sur le peuple n’est qu’un établissement de transition ; que le pouvoir n’étant point une conclusion de la science, mais un produit de la spontanéité, s’évanouit dès qu’il se discute ; que, loin de se fortifier et de grandir avec le temps, comme le supposent les partis rivaux qui l’assiègent, il doit se réduire indéfiniment et s’absorber dans l’organisation industrielle ; qu’en conséquence, il ne doit point être placé sur, mais sous la société ; et, retournant l’aphorisme des jacobins, elle conclut : La révolution politique, c’est-à-dire, l’abolition de l’autorité parmi les hommes, est le but ; la révolution sociale est le moyen.

C’est pour cela, ajoute le philosophe, que tous les partis,