des affaires et la considération des peuples nous sommes au-dessous de nos concurrents. Ah ! si le mouvement économique est vraiment le caractère du siècle, si c’est par le commerce et l’industrie que doit se constituer l’unité humanitaire, il faut avouer qu’à cette heure ce n’est plus la France, c’est l’Angleterre qui est la grande initiatrice des nations. Une fois, une grande œuvre nous est proposée, la Compagnie française du Mississipi, rivale de la Compagnie anglaise des Indes. C’est un continent, l’Amérique du Nord tout entière, qui s’offre à notre industrie et à notre langue. Mais faites donc que des Français prennent au sérieux une entreprise coloniale ! qu’ils puissent vivre et mourir ailleurs que dans le pentagone compris entre la Manche, l’Océan, les Pyrénées, la Méditerranée, les Alpes et le Rhin ! Dans le projet de Law, nobles et bourgeois n’ont su voir qu’une occasion d’agiotage : un quart de la terre habitable échappe sans retour à notre influence. Après avoir voulu tout saisir, en Asie et en Amérique, nous avons, à force d’incapacité, tout perdu. Depuis vingt ans, nous avons dépensé, en Algérie, deux milliards et deux cent mille hommes, sans avoir pu prendre racine. Nos chefs-d’œuvre brillent au palais de cristal, mais nous ne savons pas en faire l’échange ; nos mécaniciens et nos ingénieurs, dédaignés par nous, passent à l’étranger ; notre plus grande entreprise, depuis le commencement du siècle, est encore la ceinture bastionnée de Paris ; et quand le chef de la cité de Londres vient visiter nos bourgmestres, le seul divertissement qu’ils sachent lui offrir, c’est la petite guerre !...
Certes les intelligences supérieures ne font pas défaut à notre race, et Paris, lieu de rendez-vous des individualités hors ligne, est toujours le cerveau du globe. Mais il s’agit ici du peuple, de la collectivité française, et de son action unitaire ; et c’est de cette collectivité que l’on peut dire, sans lui faire tort, que malgré les actes d’intérêt uni-