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cause des accusés de Versailles était devenue, grâce à la lettre du 10 août et au message du 31 octobre, celle du Président de la République lui-même : l’esprit de réaction l’a emporté. À la politique de l’Élysée, l’Assemblée a préféré celle du Vatican ; le juste-milieu s’est immolé à l’absolutisme ; le Président est retombé dans sa léthargie : la contre-révolution, parvenue à son apogée, n’a plus à faire qu’à s’y maintenir, si elle peut. Or, elle tourne : E pur si muove !


XXI.


8 JUILLET.


CONCLUSION.


Et maintenant, lecteur, de quelque opinion fussiez-vous, si les faits que j’ai rapportés sont vrais, et vous ne sauriez les révoquer en doute ; — si la signification que je leur assigne est fidèle, et il suffit, pour vous en assurer, de les rapporter à leurs causes et de les comparer entre eux ; — si, enfin, leur évolution est providentielle et fatale, deux termes qui, appliqués à l’humanité, ont exactement le même sens ; et vous n’avez besoin, pour constater la nécessité de cette évolution, que de la prendre à son point de départ, qui est la Raison même de l’homme : si, dis-je, il vous est permis d’en croire vos yeux, votre mémoire, votre jugement, considérez où nous a conduits, en vingt mois, la Révolution de Février.

La monarchie de Juillet, après avoir opéré la dissolution de tous les vieux principes, avait laissé, après elle, une double œuvre à accomplir. C’était, d’une part, la dissolution des partis, conséquence de la dissolution des idées ; de l’autre, la destitution du pouvoir, réduit par l’élimination successive de tous ses principes au caput mortuum de l’autorité, à la force brute.