parti constitutionnel et légal. Nous avions lu, comme tout le monde, notre histoire de la Révolution ; nous eussions avoué, peut-être, pour peu qu’on nous en pressât, que le formalisme des Girondins, en soi irréprochable, fut intempestif et dangereux ; que la légalité ayant été balayée par l’ouragan de 92, il était assez inconséquent de s’en prévaloir en 93.
Mais de ce que, sous le nom de démocrates-socialistes, nous étions les continuateurs de 93, s’ensuivait-il que nous en dussions faire, en 1849, la répétition ? Le Peuple le niait absolument. Il soutenait que la Révolution, au point où elle est aujourd’hui, ne peut plus avancer que soutenue sur la légalité et la Constitution ; il regardait en conséquence comme également ennemis de la démocratie sociale, et les conservateurs qui lui résistaient et la persécutaient, et les radicaux inintelligents qui, sous prétexte d’assurer son triomphe, la poussaient à l’absolutisme. Ajoutons maintenant que le meilleur moyen de faire rétrograder l’idée de février, sinon de la tuer, serait la création de ce pouvoir dictatorial réclamé par Louis Blanc, et inutilement sollicité en mars, avril et mai 1848, par les démocrates.
La question se trouvait donc ramenée à ces termes :
La révolution, en 1849 , comporte-t-elle les mêmes moyens d’action qu’en 1793 ?
Pour ma part, je réponds sans hésiter : Non, elle ne les comporte pas. Et la raison, c’est que la Révolution en 1793 était surtout politique, et qu’en 1849 elle est surtout sociale.
La révolution, en 1793, était le terme du mouvement commencé depuis plusieurs siècles par les communes : élévation du tiers état au niveau des ordres supérieurs, abolition des privilèges ecclésiastiques et nobiliaires, égalité devant la Loi. En 93, l’ordre public élaborait donc à nouveau sa constitution, mais seulement au point de vue politique, en dehors des données de l’économie sociale. Pour