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République : les faits se chargèrent vite de réaliser l’idée.

À cette attaque de l’absolutisme qu’allait répondre le socialisme ?

La guerre faite aux Romains lui donnait trop beau jeu, et il est inconcevable qu’avec leur habileté si vantée, les jésuites se fourvoyassent à ce point. Le dilemme posé, comme il vient d’être dit, entre la papauté et la liberté, il était évident, quel que fût le succès de l’expédition, que la papauté y périrait. Ou bien, livrée à ses propres forces, elle disparaîtrait sous les réformes de Mazzini : le pape, privé de son autorité temporelle, n’étant plus que l’évêque de Rome, le premier salarié du culte suivi par la majorité des Romains, n’était rien. Renfermer le catholicisme dans ses églises, c’est l’exiler de la terre. Ou bien, restaurée par les baïonnettes étrangères, cimentée du sang de ses sujets révoltés, devenue un objet d’horreur pour le monde chrétien, la papauté mourrait de sa propre victoire : un pape, vicaire du Christ, qui règne par le sabre, est le blasphème sous la tiare : c’est l’Antechrist.

La passion réactionnaire emporta les jésuites. Oublieux de leurs propres maximes, méconnaissant l’esprit de leur institut, alors qu’il fallait faire la part au principe antagoniste, ils voulurent, comme autrefois le concile de Trente avec la Réforme, en finir avec lui. Dévorés d’une longue soif de vengeance, ces hommes, dont le fatal génie avait poussé l’Assemblée constituante aux funérailles de juin, eurent le crédit de la rendre complice encore du bombardement de Rome. Ils voulaient, dans leurs folles pensées, exterminer la protestation de dessus la terre : ils n’ont réussi qu’à compromettre, de la manière la plus déplorable, l’existence même de la religion.

Après le vote du 16 avril, la guerre à la république romaine était inévitable. Après la prise de Rome par l’armée française, la chute de la papauté n’est plus douteuse : elle