ministres dans la majorité, sauf à faire tous ses efforts pour obtenir des électeurs une majorité soumise. C’était une manière de se soustraire aux conséquences de la séparation. Sous la Constitution de 1848, le Président étant responsable, électif, nommé par tous les citoyens, on jugea, au rebours de ce qui se passait sous la Charte, que c’était à la majorité d’appuyer le Président, non au Président de s’appuyer sur la majorité : conséquence parfaitement logique, mais qui met à nu la contradiction et le péril de l’Autorité.
2. Loi sur les Clubs. — Les faits sont la manifestation des idées. De même que pour connaître les lois de la nature, il suffit d’en observer les phénomènes ; de même, pour pénétrer la pensée intime d’un gouvernement, et prédire sa destinée, il ne s’agit que d’analyser ses actes. La proposition Râteau, en nous montrant l’antagonisme dans le Pouvoir, nous a fait pressentir sa dissolution future ; la loi sur les clubs, en nous dévoilant l’antagonisme entre le Pays et le Pouvoir, change ce pressentiment en probabilité.
La séparation des pouvoirs est l’essence de la Constitution ; l’accord de l’autorité et de la liberté est son objet. Depuis 1790, les partisans du système constitutionnel se sont surtout occupés de cet accord : chacune de nos constitutions, même celle de 93, a été un essai d’application de leur théorie. Tous ont prétendu successivement avoir résolu le problème, et tous ont successivement échoué à l’œuvre. Les auteurs de la Charte de 1830 s’étaient surtout flattés de donner cette solution, et si l’expérience n’avait pas, cette fois plus que les autres, confirmé la théorie, c’était, affirmait l’opposition Barrot, la faute de la couronne et de ses ministres, qui, par une collusion déloyale, faussaient l’institution ; c’étaient, au dire des jacobins, la dualité des chambres, la prérogative monarchique, le privilége électoral, qui en étaient cause.
Pour que l’expérience fût décisive, il fallait donc qu’elle