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que j’ai combattue moi-même, et contre laquelle je proteste encore de toute l’énergie de ma pensée, parce que l’homme qui pense ne doit jamais se soumettre à la fortune ; mais qui, dans le travail de décomposition que rendaient nécessaire et nos préjugés traditionnels et nos hésitations présentes, était devenue la seule manière de faire avancer les choses.

La guerre faite à la République romaine est le coup de grâce que le principe d’autorité s’est porté à lui-même par la main de Louis Bonaparte. — Est-ce donc que la métempsycose serait une vérité ? Faut-il croire, ainsi qu’aucuns l’assurent, que les âmes des morts revivent dans leurs descendants et successeurs, pour continuer le bien qu’elles ont fait durant leur précédente existence ou pour en réparer le mal ? C’est un Bonaparte qui fut, au commencement du siècle, la personnification la plus haute de l’autorité ; c’est un Bonaparte qui en devient, cinquante ans après, la plus éclatante négation. Encore une fois, est-ce hasard ou mystère ?...

J’ai rapporté de quelle manière le Gouvernement, tombé entre les mains de Louis Bonaparte, avait commencé de se démolir, d’abord par la proposition Râteau, ensuite par le projet de loi sur les clubs. Il est utile de faire ressortir la formule contenue dans chacun de ces actes, qui ont été comme les prémisses d’un syllogisme dont la conclusion finale devait être l’expédition de Rome.

1. Proposition Râteau. — La séparation des pouvoirs, dit la Constitution, est la condition de tout gouvernement. Nous avons vu en effet que, sans cette séparation, le gouvernement est dictatorial et despotique : c’est là un fait définitivement acquis à la science politique, et passé en théorie. Mais avec la séparation des pouvoirs le gouvernement est caduc ; le législatif et l’exécutif sont nécessairement en conflit ; dès qu’ils fonctionnent, ils travaillent réciproquement