que je proposais d’employer alors, c’est que l’occasion, telle est du moins mon espérance, est passée sans retour de nous en servir. La Révolution, dans sa course rapide, n’a plus que faire de ce sabot rouillé de la résistance légale, et je puis, sans danger pour la paix publique, en résumer la théorie. J’ai fait bonne et rude guerre au gouvernement de Louis Bonaparte ; plus d’une fois peut-être, si j’eusse été cru, les choses auraient tourné autrement. Mais il y avait dans l’armée socialiste des Grouchy et des Bourmont, des incapables et des traîtres : et c’est parce qu’à mon avis le recours à la résistance légale, en présence des complications actuelles de la politique, serait une faute, presque un crime envers la Révolution, que tout en rappelant les formalités propres à une mesure de cette espèce, je proteste contre l’abus qu’on en pourrait faire.
Le moyen n’était pas neuf. C’est le même que MM. Guizot, Thiers et consorts s’apprêtaient à employer en 1830, lorsque la réaction légitimiste, précipitant les événements, vint leur donner une victoire plus complète et plus prompte. Mais si l’idée était vieille, l’exécution était on ne peut plus facile et sûre.
La Montagne devait proclamer la résistance légale, d’abord sous forme comminatoire, à la tribune. La presse démocratique en faisait ensuite, pendant un mois, le texte de ses instructions au peuple. Les représentants en écrivaient à leurs électeurs : partout on sommait le gouvernement de s’arrêter dans sa voie de réaction. Si, malgré les notifications qui lui étaient faites, le pouvoir s’obstinait, alors on formait des comités pour le blocus hermétique du gouvernement ; les citoyens et les communes s’entendaient pour refuser simultanément l’impôt, les droits d’octroi, de régie, de navigation, d’enregistrement, etc., le service militaire, l’obéissance aux autorités. On agitait l’opinion jusqu’à ce que la résistance, sans autre signal, éclatât spontanément