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racontions chaque matin quelque épisode de la ligue sainte, et, sans déclamation, sans argument, le peuple était démonarchisé et décatholicisé.

Tel fut, à partir du 10 décembre, le plan de bataille indiqué par le Peuple et suivi généralement par les journaux de la démocratie sociale ; et, j’ose le dire, si ce plan n’a pas encore obtenu définitivement la victoire, il a produit déjà des résultats impérissables : le reste est une question de temps.

Le capital ne ressaisira jamais sa prépondérance : son secret est dévoilé. Qu’il célèbre sa dernière orgie : demain il faut qu’il se brûle, sur ses trésors, comme Sardanapale.

Le pouvoir est perdu en France, condamné qu’il est à faire chaque jour, pour sa propre défense, ce que le socialisme pourrait inventer de plus terrible pour sa destruction.

Le catholicisme n’a pas attendu qu’on lui ôtât le masque : le squelette s’est découvert sous son linceul. Le monde chrétien crie vengeance contre l’Église et contre le pape. L’expédition d’Oudinot a donné à la papauté le coup de grâce : les doctrinaires, qui ne songeaient qu’à détruire le jacobinisme en l’attaquant dans un de ses foyers, poussés par les jésuites, ont fait eux-mêmes la besogne du socialisme. En Pie IX s’est écroulé le trône de saint Pierre. Or, la papauté démolie, le catholicisme est sans vertu : Morte la bête, mort le venin.

Quand la rage des partis, quand les hommes de Dieu, ignorants des affaires de la philosophie, font si bien les choses, c’est une haute imprudence, c’est presque un crime de les chicaner dans leur travail. Nous n’avions qu’à expliquer le sens des faits, à mesure que l’aveuglement de nos ennemis les mettait en lumière ; relever la logique, j’ai presque dit la loyauté avec laquelle le gouvernement de