dormie, et dont l’agonie menaçait d’être bien autrement redoutable : c’était l’Église.
Le capital, dont l’analogue, dans l’ordre de la politique, est le Gouvernement, a pour synonyme, dans l’ordre de la religion, le Catholicisme. L’idée économique du capital, l’idée politique du gouvernement ou de l’autorité, l’idée théologique de l’Église, sont trois idées identiques et réciproquement convertibles : attaquer l’une c’est attaquer l’autre, ainsi que le savent parfaitement aujourd’hui tous les philosophes. Ce que le capital fait sur le travail, et l’État sur la liberté , l’Église l’opère à son tour sur l’intelligence. Cette trinité de l’absolutisme est fatale, dans la pratique comme dans la philosophie. Pour opprimer efficacement le peuple, il faut l’enchaîner à la fois dans son corps, dans sa volonté, dans sa raison. Si donc le socialisme voulait se manifester d’une manière complète, positive, dégagée de tout mysticisme, il n’avait qu’une chose à faire, c’était de lancer dans la circulation intellectuelle l’idée de cette trilogie. L’occasion se présentait on ne peut plus favorable.
Les chefs du catholicisme, comme s’ils eussent été d’accord avec nous, étaient venus d’eux-mêmes se placer sous le coup de la dialectique révolutionnaire. Ils avaient pris parti pour la Sainte-Alliance contre les nationalités, pour les gouvernements contre les sujets, pour le capital contre le travail. À Rome, la lutte était ouverte entre la théocratie et la révolution ; et, comme pour rendre plus éclatante la démonstration socialiste, le gouvernement de Louis Bonaparte embrassait hautement, au nom des intérêts catholiques, la cause du pape. Nous n’avions plus qu’à signaler cette triple forme de l’esclavage social, cette conspiration de l’autel, du trône et du coffre-fort, pour qu’elle fût aussitôt comprise. Pendant que la réaction dénonçait notre athéisme, ce qui nous inquiétait assurément fort peu, nous