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Quand je cite Ledru-Rollin, Louis Blanc, Considérant, Cabet, ou moi-même, c’est comme si je citais les noms de tous nos compagnons d’infortune : quelques-uns pour tous.

Souffrir, perdre, s’il faut, la vie, pour un médecin qui comprend les devoirs de son état, n’est rien lorsque le malade guérit. Mais guérira-t-il ? voilà la question. Il ne veut pas seulement prendre le remède. Dans l’incertitude du succès, j’aimerais autant courir la campagne, avec mon ami Villegardelle.

Je ne veux point entamer ici une discussion sur le crédit gratuit et sur les combinaisons économiques par lesquelles les fondateurs de la Banque du Peuple pensaient donner l’essor à leur entreprise. J’ai publié sur cette matière assez d’articles et de brochures pour que je puisse, en ce moment, faire grâce à mes lecteurs d’une dissertation sur le papier-monnaie. D’ailleurs, je me propose, en temps et lieu, d’y revenir. Nous n’avons pas, que mes lecteurs se le tiennent pour dit, renoncé à nos projets. Ceux qui ont prétendu que nous avions été charmés de trouver dans un arrêt de la Cour d’assises un prétexte de liquider la Banque du peuple, ont parlé de nos intentions, qu’ils ne connaissent pas plus que nos moyens, dans l’indignité de leur conscience. C’est partie remise, messieurs, fiez-vous-en à notre parole ; et croyez qu’avec nous comme avec les bonnes femmes ce qui est différé n’est pas perdu.

Je veux seulement rendre compte de l’idée mère, qui, en dehors de toute spéculation financière, avait présidé à la création de la Banque du peuple, destinée, dans l’opinion des fondateurs, à réformer le système des institutions de crédit, et, par suite, l’économie entière de la société.

La Banque du peuple a été fondée dans un triple but :

1o Appliquer les principes de constitution sociale exposés ci-devant, et préluder à la réforme politique par un exemple de centralisation spontanée, indépendante et spéciale ;