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quelle qu’elle puisse être, sera l’expression de la souveraineté du peuple, manifestée par la séparation absolue et la centralisation régulière des fonctions, en autres termes, par l’organisation, en ce qui concerne le culte, du suffrage universel. Et l’on prévoit déjà que s’il était possible d’organiser le pays tout entier, au temporel, d’après les bases que nous venons d’indiquer pour son organisation spirituelle, l’ordre le plus parfait, la centralisation la plus vigoureuse existeraient, sans qu’il y eût rien de ce que nous appelons aujourd’hui autorité constituée, ou Gouvernement, et qui n’est qu’un simulacre de centralisation.

Autre exemple :

Autrefois, on comptait, en sus du pouvoir législatif et de l’exécutif, un troisième pouvoir, le pouvoir judiciaire. C’était une dérogation au dualisme séparatif, un pas de plus vers la distinction générale des fonctions politiques comme des industries. La Constitution de 1848, à l’instar des chartes de 1830 et 1814, ne parle que de l’ordre judiciaire.

Ordre, pouvoir, ou fonction, je trouve ici, comme dans l’Église, et sous prétexte de centralisation, un nouvel exemple du cumul de l’État, et, par suite, une nouvelle atteinte à la souveraineté du peuple.

Les fonctions judiciaires, par leurs différentes spécialités, leur hiérarchie, leur convergence en un ministère unique, témoignent d’une tendance non équivoque à la séparation et à la centralisation.

Mais elles ne relèvent aucunement des justiciables ; elles sont toutes à la disposition du pouvoir exécutif, nommé tous les quatre ans, et avec des attributions inamovibles, par le peuple ; subordonnées, non pas au pays par l’élection, mais au gouvernement, président ou prince, par la nomination. Il en résulte que les justiciables sont livrés à leurs juges, prétendus naturels, comme les paroissiens à leurs