sément l’inverse de ce qu’il avait cru voir ; que la propriété, qu’il disait en progrès, était au contraire en décadence, ou pour mieux dire en métamorphose ; et qu’il en était ainsi de la religion, du pouvoir, et généralement de toutes les idées qui, comme la propriété, avaient un côté positif et un côté négatif. Nous les voyons dans un sens tandis qu’elles existent déjà et se passent dans l’autre : pour en avoir une représentation juste, il faut changer de position, et retourner, pour ainsi dire, la lunette. Et, pour que rien ne manquât à la preuve, je donnais la raison économique de ce phénomène. Sur ce terrain j’étais sûr de l’avantage : les économistes, dès qu’il ne s’agit que de science, ne croient pas plus à la propriété qu’au gouvernement.
Dans un troisième mémoire adressé à M. Considérant, je reproduisis, non sans un certain emportement, les mêmes conclusions ; et j’insistai, dans l’intérêt de l’ordre et de la sécurité des propriétaires, sur la nécessité de réformer au plus tôt l’enseignement de l’économie politique et du droit. La dialectique m’enivrait : un certain fanatisme, particulier aux logiciens, m’était monté au cerveau, et avait fait de mon mémoire un pamphlet. Le parquet de Besançon ayant cru devoir sévir contre cette brochure, je fus traduit devant la Cour d’assises du département du Doubs, sous la quadruple inculpation d’attaque à la propriété, d’excitation au mépris du gouvernement, d’outrage à la religion et aux mœurs. Je fis ce que je pus pour expliquer au jury comment, dans l’état actuel de la circulation mercantile, la valeur utile et la valeur d’échange étant deux quantités incommensurables et en perpétuelle opposition, la propriété est tout à la fois illogique et instable, et que telle est la raison pour laquelle les travailleurs sont de plus en plus pauvres, et les propriétaires de moins en moins riches. Le jury parut ne pas comprendre grand’chose à ma démonstration : il dit que c’était matière scientifique, par conséquent hors de sa