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du peuple ; il est accordé sur-le-champ. Il y a toute une révélation dans ce rapprochement.

À peine le citoyen Jobez est descendu de la tribune, que le ministre de la guerre, général Cavaignac, y monte pour donner de nouveaux renseignements sur l’insurrection. L’émeute est chassée des faubourgs Saint-Denis et Saint-Martin ; elle n’occupe plus que les quartiers Saint-Jacques et Saint-Antoine. La garde nationale, la garde mobile, la garde républicaine, la ligne enfin (car toutes les forces dont le pouvoir dispose étaient alors réunies contre le peuple), sont animées du meilleur esprit.

Ainsi, c’était à coups de fusil que l’Assemblée nationale payait la dette du Gouvernement provisoire ! Eh bien ! je le demande : quels furent les plus coupables, des insurgés de mars, d’avril, de mai, ou des provocateurs de juin ? de ceux qui sollicitèrent le Gouvernement, afin d’en obtenir du travail, ou de ceux qui lui firent dépenser 2,500,000 cartouches pour le refuser ?

Mais qu’aurait pu le canon contre l’innocence, s’il n’avait eu le renfort de la calomnie ? À cette même heure où le général Cavaignac faisait part à l’Assemblée de ses dispositions stratégiques, le maire de Paris, A. Marrast, écrivait aux municipalités des douze arrondissements la circulaire suivante : on dirait un édit de Dioclétien.


« Paris, 23 juin 1848, trois heures après-midi................................

« Citoyen Maire,

« Vous êtes témoin depuis ce matin des efforts tentés par un petit nombre de turbulents pour jeter au sein de la population les plus vives alarmes.

« Les ennemis de la République prennent tous les masques ; ils exploitent tous les malheurs, toutes les difficultés produites par les événements. » — (Qui donc exploitait la difficulté, si ce n’est ceux-là même qui affectaient de s’en