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partie était belle : ils étaient décidés à suivre leur chance, et à profiter de leur fortune. Ces hommes, si chatouilleux à l’endroit de la banqueroute quand il s’agit de leurs rentes, étaient prêts à violer la promesse faite au nom du pays par le Gouvernement provisoire, à faire banqueroute aux ouvriers du travail qui leur avait été garanti, et, au besoin, à soutenir cette banqueroute par la force.

Telle était donc la situation :

Comme prix de la Révolution de février, et en conséquence de l’opinion que l’on avait de la qualité du pouvoir, il avait été convenu entre le Gouvernement provisoire et le peuple, que celui-ci se démettait de sa souveraineté, et qu’en prenant le pouvoir, le Gouvernement s’engageait à garantir, sous trois mois, le travail.

L’exécution du traité étant impossible, l’Assemblée nationale refusait d’y souscrire.

De deux choses l’une : ou il interviendrait une transaction ; ou bien, si les deux partis s’obstinaient, il y aurait une catastrophe.

Aux uns l’humanité, le respect de la foi jurée, le soin de la paix ; aux autres les embarras financiers de la République, les difficultés de la question, l’incompétence démontrée du pouvoir, commandaient de se prêter à un accommodement. C’est ce qui fut compris du côté des ateliers nationaux, représentés par leurs délégués, mais surtout par leur nouveau directeur Lalanne et par le ministre des travaux publics Trélat, qui dans ces jours déplorables se conduisit en homme de cœur, et fit son devoir.

Comme cette partie des faits relatifs à l’insurrection de juin est restée jusqu’ici fort obscure, que le Rapport d’enquête sur les affaires de juin n’a eu garde d’en faire mention, et que là pourtant se révèlent tout à la fois, pour la grande majorité des ouvriers, la cause ; pour un petit nombre, embauchés par les agents royalistes et bonapar-