jamais su ! Une pétition revêtue de 5,000 signatures demandait d’urgence le Ministère du progrès ! On n’aurait jamais cru, sans la révolution de février, qu’il y eût autant de bêtise au fond d’un public français. On eût dit le monde de Panurge. Blanqui, ou plutôt son parti, avait-il donc si grand tort de vouloir, par un coup de balai populaire, nettoyer ces étables d’Augias, le Luxembourg et l’Hôtel-de-Ville ?
Tout cela, on le comprend, ne faisait pas le compte des ouvriers non plus que des bourgeois. Les jours se suivaient et se ressemblaient, c’est-à-dire qu’on ne faisait absolument rien. La Révolution s’évaporait comme un alcool en vidange : bientôt il n’en resterait plus que le laisser-passer, une date !... Les corporations du Luxembourg et les clubs résolurent de revenir à la charge. Le socialisme, entraîné par les folles imaginations des néo-jacobins, donna en plein dans le projet. On avait élaboré au Luxembourg un ensemble de décrets, que je n’ai pas lus, attendu qu’on ne les a pas publiés, mais qui ne pouvaient manquer d’être fort beaux : c’étaient des décrets. On tenait en main le salut du peuple : le repousser, ou seulement l’ajourner, eût été un crime. Une manifestation fut organisée pour le dimanche, 16 avril, par les ouvriers des corporations : le prétexte était la nomination de quatorze officiers d’état-major, à la suite de laquelle on devait aller à l’Hôtel-de-Ville présenter une pétition avec une offrande patriotique. « C’est à nous, hommes d’action et de dévouement, disaient les pétitionnaires, qu’il appartient de déclarer au Gouvernement provisoire que le peuple veut la République démocratique ; que le peuple veut l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme ; que le peuple veut l’organisation du travail par l’association. » Des mesures étaient concertées d’avance par les hommes du Luxembourg, pour que des personnes étrangères à la manifestation ne