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civile, c’est au comte de Paris. Puisque vous n’avez violé le contrat que pour remettre les choses in statu quo, allez-vous-en. La bourgeoisie entend gérer ses affaires ; le pouvoir, elle le veut pour elle ; elle ne reconnaît au chef de l’état d’autorité que celle qu’elle-même lui a mesurée. Sa maxime est connue : Le Roi règne et ne gouverne pas. Certes, il ne vous manquera pas de recrues comme l’honorable M. Devinck, candidat d’opposition monarchique avant le 2 décembre , aujourd’hui adhérent de l’Elysée, qui trouveront que tout est bien dans votre système. Ces gens-là, en jurant pour vous, méconnaissent l’esprit de leur caste. La bourgeoisie vous boude ; elle se sépare de vous de plus en plus : il serait absurde que vous en fussiez le représentant.

La monarchie, dite légitime ? — Place alors au comte de Chambord ! vous n’êtes pas le Roi, vous êtes l'Usurpateur. Henri V vous le fait assez entendre quand il engage ses fidèles serviteurs et sujets à vous prêter leur concours en tout ce que vous faites contre la révolution, et qu’en même temps il leur recommande de vous refuser le serment.

L’empire ? On le dit, le gouvernement a l’air d'y croire. Il inclinerait peut-être à cette idée ! — Mais, reprendrai-je, prenez garde. Vous confondez votre tradition domestique avec votre mandat politique, votre extrait de baptême, avec votre IDÉE. Une tradition, si populaire qu’elle soit, quand elle n’a trait qu’à la dynastie et ne se fond pas dans les tendances d’une époque, loin d’être une force vive, est un danger. On peut s’en servir pour escalader le pouvoir : elle est inutile pour l’exercer. C’est