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Et celui qui, une première fois, en vertu de ce pacte, fut élu Président de la République ; qui, se prévalant de ce même pacte, bien qu’il en déchirât la dernière cédule, et arguant des complots monarchiques, vient de se faire réélire pour dix ans chef de cette même République ; celui-là, dis-je, reniant son principe, son droit, si je puis ainsi dire, sa propre légitimité, serait un homme de contre-révolution ! — Je l’en défie.

Or, non-seulement Louis-Napoléon porte en lui, sur le front et sur l’épaule, le stigmate révolutionnaire ; il est l’agent d’une nouvelle période, il exprime une formule supérieure de la Révolution. Car l’histoire ne stationne ni ne se répète, pas plus que la vie dans les plantes et le mouvement dans l’Univers. Quelle est donc cette formule dont le tour semble être arrivé, et que représente, à peine de non-sens, Louis-Napoléon ?

Est-ce cette République, honnête et modérée, sagement progressive, raisonnablement démocratique, qui prévalut après le 24 février ? — Mais Louis-Napoléon en a renversé le monument ; il en poursuit partout les défenseurs. S’il ne voulait que cette République, qu’avait-il besoin de faire arrêter à son domicile le général Cavaignac, le 2 décembre ? Il devait lui dire : Général, vous m’avez remis, il y a trois ans, le gouvernail de la République. Je le dépose à mon tour en vos civiques mains, après avoir chassé les royalistes. Convoquez la Haute-Cour, je rendrai devant elle compte de ma conduite.

La monarchie constitutionnelle et bourgeoise ?

— Retirez-vous, en ce cas, dirai-je à Louis-Napoléon : ce n’est pas à vous de dépenser cette liste