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la ligne que lui trace son idée , ou si par erreur il en déviait, il ne serait plus l’homme du pouvoir, ce serait un usurpateur, un tyran...

Quel est donc, d’abord, au point de vue de sa signification historique, Louis-Napoléon ? Telle est la première question à laquelle nous ayons à répondre. Je l’ai dit déjà : Louis-Napoléon est, de même que son oncle, un dictateur révolutionnaire, mais avec cette différence, que le premier Consul venait clore la première phase de la révolution, tandis que le Président ouvre la seconde.

La série historique nous l’a déjà démontré.

Ceux qui déclament contre les idées révolutionnaires réfléchissent-ils que le rôle des rois de France, pendant la troisième race, c’est la révolution ; que les états-généraux, sous saint Louis, Philippe le Bel, Charles V, Louis XI, Louis XII, Charles IX, Henri III, Henri IV, Louis XIII, c’est la révolution ; que le sage Turgot, le philanthrope Necker, le vertueux Malesherbes, c’est la révolution ?

Passons sur les états-généraux de Louis XVI, par lesquels, après un despotisme de 175 ans, la nation reprenait, pour la réformer et la développer, sa constitution traditionnelle ; passons sur la Constituante, la Législative, la Convention, le Directoire, qui ne firent après tout que renouer cette chaîne des temps, brisée par les rois. Mais l’Empereur, qui rappela les nobles et les prêtres, et n’eut garde pourtant de leur rendre leurs biens ; qui rouvrit les églises, en sanctionnant la constitution du clergé et la sécularisation du culte, c’est la révolution ; mais la Charte de 1814, qui enfanta celles de 1830 et 1848, c’est le pacte révolutionnaire.