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leurs personnes, à la bonne heure ! Que les sycophantes de la tribune, de la presse et de la chaire reçoivent le prix de leurs calomnies : c’est de droit. La postérité rendra une pieuse justice aux vaincus, la France citera leurs noms avec orgueil.

Après l’héroïque Baudin , après Miot , qui seul entre ses collègues a retenu le privilège de la déportation, on cite, parmi les protestants les plus énergiques, Victor Hugo, le grand poète ; Michel (de Bourges), le profond orateur ; Jules Favre, le Cicéron républicain ; Charamaule, Madier-Montjau, Victor Schœlcher, Marc Dufraisse, le colonel Forestier, la rédaction du National, Le journal qui représentait plus spécialement la Constitution de 1848 ne devait pas y survivre : pourquoi les haines qu’il soulevait jadis ne sont-elles pas restées avec lui sous la barricade ?...

Que l’étranger, mieux instruit sur l’état de notre pays, la question posée en février, le degré d’intelligence des masses, le jeu des situations, la marche des partis, nous condamne à présent, s’il l’ose ! La nation française, qui a accompli déjà de si grandes choses, n’a pas atteint sa majorité. Des préjugés vivaces. une éducation superficielle, donnée par la corruption civilisée plutôt que par la civilisation ; de romanesques légendes, en guise d’instruction historique ; des modes plutôt que des coutumes ; de la vanité plutôt que de la fierté ; une niaiserie proverbiale, qui servait déjà, il y a dix-neuf siècles, la fortune de César autant que le courage de ses légions ; une légèreté qui trahit l’enfantillage ; le goût des parade- et l’entrain des manifestations tenant lieu d’esprit public ; l’admi-