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fois même inconsidérées. Le rappel de la constitution de l’an 8, par exemple, trahissait une préoccupation personnelle, et faisait tache au tableau. Mais n’y a-t-il pas de taches au soleil ? Et puis, qu’importait au peuple la constitution de l’an 8, plutôt que celle de l’an 2. plutôt que celle de l’an 3 ? Est-ce que la société écrit ses constitutions ? demandait M. de Maistre. Le peuple ne les lit pas davantage.

Or, voyez comme tout cela tombe d’à-propos :

Bonaparte dissout l’Assemblée par la force : Voila l'homme d’action, le dictateur !

Bonaparte en appelle au peuple : Voilà le SUFFRAGE UNIVERSEL !

Bonaparte s’en réfère aux idées de 89 : Voila la RÉVOLUTION !

Le peuple est logique, non pas à la façon des philosophes qui distinguent et qui argumentent ; il est logique comme le boulet qui sort du canon, comme le marteau de l’horloge, comme l’automate de Vaucanson. (.uniment eût-il pu s’opposer à l’entreprise de Louis Bonaparte ? Il lui aurait fallu, comme à Sganareile, distinguer entre fagots et fagots, accepter le suffrage universel d’une main, repousser de l’autre la constitution de l’an 8 ; applaudir du cœur à la déconfiture de la majorité réactionnaire, et soutenir du vote le principe de la représentation nationale : opération- subtiles dont la masse est incapable.

Ce n’est pas tout. Le Président s’était fait connaître jadis par des écrits socialistes : ses amis conservateurs en avaient presque demandé pour lui pardon au pays. Le peuple, qui juge les hommes