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lution de février avait armé la presse contre le pouvoir, et je commence par déclarer que je n’ai rien à dire contre le coup d’état du 2 décembre, rien contre les auteurs, coopérateurs et bénéficiaires de ce coup d’état ; rien contre le vote qui l’a absous par 7,600,000 suffrages ; rien contre la Constitution du 15 janvier et les pouvoirs qu’elle organise ; rien même contre la tradition qu’elle semble vouloir faire revivre, dont elle adore les vestiges, et qui est restée au cœur du peuple comme la dernière de ses religions.

Je ne récrimine point, je ne proteste pas, je n’accuse personne. J’accepte le fait accompli…, comme l’astronome tombé dans une citerne acceptait son accident.

S’ensuit-il, républicains, qu’à travers tous ces changements de la scène politique, dont le terme n’est peut-être pas encore proche, nous n’ayons à exercer aucun acte conservatoire ; et parce que nos convictions se trouvent froissées, nos espérances déçues, notre foi meurtrie, qu’il nous faille croupir dans cette prostration morale, pire que le crime ? S’ensuit-il que nous n’ayons qu’à maudire le vainqueur, en attendant l’heure tardive de la réparation, et à mériter ainsi, par une stupide et coupable inertie, notre mauvaise fortune ?

À Dieu ne plaise ! Nous avons trop d’intérêts engagés dans le pouvoir, en quelques mains qu’il tombe ; nous sommes trop peu assurés et du présent et de l’avenir, pour qu’il nous soit permis, un seul instant, de nous annuler dans une abstention soi-disant vertueuse, et qui ne serait que lâche. Dussé-je être accusé par les énergiques d’avoir